Blood is thicker than Oil

L’origine de Dynastie, intitulé tout d’abord Oil lors de ses phases de développement, est véritablement de concurrencer Dallas. Rien de moins. La série est créée par un couple d’auteurs, Richard et Esther Shapiro, qui ont toujours affichés de grandes ambitions pour cette saga, aussi bien sur le plan créatif que concernant les sujets sociétaux abordés. Mais le vrai patron de Dynastie c’est Aaron Spelling, dont l’ambition affichée est de faire mieux et PLUS que la concurrence. Selon lui les acteurs de Dynastie sont plus beaux et pus dénudé que ceux de Dallas, la maison des Carrington est un palais princier comparé à la vulgaire fermette des Ewing, et le luxe dans lequel vivent Alexis et les Carrington n’a rien de factice…

Caviar & Champagne...

...catfight, et Camp

La légende veut que chaque matin Aaron Spelling faisait le tour des plateaux de tournage avant que les acteurs ne prennent leur place afin de vérifier que les fleurs étaient fraiches dans les vases et que tout soit brillant, luxueux et réaliste. Lors des scènes de repas, toute la nourriture montrée à l’écran était véritable, y compris le caviar qu’Alexis faisait manger à son pékinois, tout comme les homards présentés en buissons et les innombrables bouteilles de Champagne. Tout devait être vrai et respirer le luxe. Un budget énorme pour les fleurs, mais aussi pour les bijoux qui étaient de véritables parures prêtées par les plus grands joaillers nécessitaient un service de sécurité renforcé, tout comme les manteaux de fourrures provenant eux aussi des plus célèbres fourreurs de luxe. Bref l’obsession du producteur était que le luxe soit partout présent et soit aussi vrai que possible.

Les homards seront les premiers à disparaitre des plateaux après que Joan Collins ait déclaré une allergie aux crustacés. Puis au fil des saisons le budget accessoire fut réduit et les fans seront même offusqués de voir, dans l’ultime saison, arriver les plats de spaghettis et les couverts en cartons (sacrilège) !

Mais s’il ne devait y avoir qu’une signature à Dynastie, ce serait sans doute les catfights. Dallas avait ses bagarres qui finissaient dans la piscine de Southfork, il fallait trouver MIEUX. Et chaque saison de Dynastie compte au moins un crêpage de chignon, une bagarre de femmes se volants dans les plumes. Et bien entendu les plus attendus sont ceux de Alexis et Krystle (le premier et le dernier de la saga)

Il faut reconnaitre que tout ce luxe et ces combats de catch féminin ont donné à la saga un aspect un peu particulier. Si l’on y ajoute les multiples changements d’acteurs (les 4 enfants Carrington ont tous eu deux visages, y compris Amanda qui n’est restée que quelques saisons, Steven qui dans son ultime apparition retrouve son visage d’origine) et les facilités de certaines intrigues (multiples accidents de voitures par exemple) rendent la saga bien moins crédible que sa rivale. Cela n’ôte rien à ses qualités ni à sa regardabilité, mais lui donne une dimension différente qui ne la destina sans doute pas au même public. Dynastie entre carrément dans un mouvement culturel dont elle pourrait être le symbole, fait d’extravagances et de superlatifs fleurtant parfois sans le vouloir avec une certaine vulgarité. Dynastie est sans aucun doute un feuilleton totalement kitch, mais va même au-delà du kitch vers le camp, qui en est d’une certaine manière la quintessence poussée à son paroxysme.

Les fans aimaient cette extravagance, ce tape-à-l’œil plus grand que nature. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le kitsh & camp est un mouvement revendiqué par la communauté homosexuelle (dont fait partie le phénomène des drag-queens) et si généralement la communauté gay préférait Dynastie à Dallas (donc pas seulement à cause de la présence de Steven).

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