Michelle Phillips

Michelle Phillips est née Holly Michelle Gilliam le 4 juin 1944 à Long Beach, en Californie. Fille d’un père scandinave, Gardner Gilliam, et d’une mère mexicaine, Joyce Poole, elle grandit en Californie avant de partir vivre au Mexique après la mort de sa mère. Cette double influence culturelle joue un rôle dans son ouverture d’esprit et sa sensibilité artistique. Adolescente à l’esprit libre, elle s’intéresse très tôt à la mode, au chant et à la culture bohème qui émerge sur la côte Ouest au début des années 1960. Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre John Phillips, un musicien déjà marié et père de famille, avec lequel elle entame une liaison qui conduit à leur mariage en 1962. Ensemble, ils fondent le groupe The Mamas & the Papas, formation qui devient emblématique de l’ère du flower power. Le groupe, composé de John Phillips, Michelle, Cass Elliot et Denny Doherty, connaît un immense succès avec des titres devenus cultes comme California Dreamin’, Monday, Monday, Go Where You Wanna Go ou encore Creeque Alley. Michelle est la plus jeune du groupe et la seule à ne pas avoir d’expérience musicale professionnelle avant d’y entrer, mais elle apporte une image glamour et une voix douce qui contrastent avec la puissance vocale de Cass Elliot.

Le succès de The Mamas & the Papas est fulgurant, mais les tensions internes, notamment les infidélités croisées entre membres, affectent l’unité du groupe. Michelle est brièvement renvoyée en 1966 après une liaison avec Denny Doherty, avant d’être rapidement réintégrée sous la pression du public et du label. Le groupe se dissout définitivement en 1968 après quatre albums studio et une série de tubes qui ont marqué l’histoire du folk-rock californien. Après la fin du groupe, Michelle entame une carrière solo dans la musique, sortant en 1977 l’album Victim of Romance, produit par Jack Nitzsche. Bien accueilli par la critique, l’album ne connaît cependant pas le succès commercial espéré. Malgré cela, plusieurs morceaux, comme There She Goes, sont aujourd’hui considérés comme des perles oubliées de la pop des années 1970. Plutôt que de persévérer dans une industrie musicale en pleine mutation, Michelle choisit de se tourner vers le cinéma et la télévision, où sa beauté, sa voix posée et son aisance naturelle lui ouvrent rapidement des portes.

Elle décroche ses premiers rôles au cinéma dans les années 1970, notamment dans Dillinger (1973), où elle joue Billie Frechette aux côtés de Warren Oates, un film de gangsters acclamé. Elle apparaît ensuite dans plusieurs films d’auteur comme Valentino (1977) de Ken Russell, dans lequel elle campe l’actrice Natasha Rambova. Elle figure aussi dans American Anthem (1986), et dans des productions plus modestes mais souvent bien reçues. Elle développe aussi une carrière notable à la télévision, jouant dans de nombreux téléfilms, notamment des thrillers et drames familiaux, où elle incarne souvent des femmes élégantes, raffinées, mais parfois ambiguës.

Son rôle le plus marquant à la télévision reste celui d’Anne Matheson Sumner, manipulatrice et séduisante dans le feuilleton Knots Landing (Côte Ouest en version française), auquel elle participe de manière récurrente de 1987 à 1993. Elle y apporte un mélange de sophistication et de duplicité qui fait de son personnage l’un des plus mémorables du soap. Ce rôle assoit sa notoriété auprès d’un public plus large, bien au-delà de la scène musicale. Michelle Phillips est également apparue dans des séries comme Fantasy Island, The Love Boat, Beverly Hills 90210 où elle joue la mère de Valerie (Tiffani-Amber Thiessen), 7th Heaven, Hotel, Touched by an Angel, Murder, She Wrote et Star Trek: The Next Generation. Elle continue d’apparaître sporadiquement à l’écran jusqu’aux années 2000, en incarnant souvent des mères, des femmes d’influence ou des figures du passé.

En parallèle à sa carrière artistique, Michelle Phillips s’est aussi illustrée comme auteure. En 1986, elle publie ses mémoires sous le titre California Dreamin’, où elle retrace avec franchise et lucidité les coulisses du mouvement hippie, la complexité des relations au sein de The Mamas & the Papas et sa propre émancipation dans un monde encore largement dominé par les hommes. Elle y évoque aussi ses relations amoureuses, parfois tumultueuses, notamment avec des figures comme Jack Nicholson, Warren Beatty, Stephen Stills ou Denny Doherty.

Côté vie personnelle, Michelle a eu une fille, Chynna Phillips, née en 1968 de sa brève union avec l’acteur et réalisateur Dennis Hopper (leur mariage n’a duré que huit jours). Chynna deviendra à son tour chanteuse dans le groupe Wilson Phillips, formé avec les filles de Brian Wilson des Beach Boys. Michelle est restée proche de sa fille et a toujours encouragé sa carrière. Elle a également eu d’autres relations notoires mais a toujours su préserver une part de mystère et d’indépendance dans sa vie privée. Engagée politiquement, Michelle Phillips a souvent soutenu des causes progressistes, sans être militante de premier plan. Elle est restée très impliquée dans la préservation de l’héritage musical des années 1960, participant à des documentaires et projets liés à cette époque, comme la préservation de l’œuvre de Cass Elliot ou la réédition des albums de The Mamas & the Papas. Aujourd’hui, Michelle Phillips est l’unique membre survivant de The Mamas & the Papas, et l’une des dernières icônes vivantes de cette génération artistique et culturelle qui a transformé l’Amérique des années 1960.