Blood is thicker than Oil

Beaucoup de gens ne voit en Dallas qu’une stupide création télévisuelle sans autre but que le divertissement et sans grand intérêt culturel. Savent-ils que Dallas s’inscrit dans une longue tradition de récit qui remonte à l’antiquité ? Déroulons un peu le fil de l’histoire.

Dallas est né dans les années 1980, répondant à une demande du téléspectateur pour un produit qualitatif dérivé des soaps de journée (daytime soaps). Les soaps sont tournés à raison de 5 épisodes par semaine, principalement en studio dans des décors en carton, Dallas était tourné en extérieur et à raison de seulement 30 épisodes par an. Mais le mode de récit demeure identique, plus ou moins. Or les daytime soaps, nés à la télévision juste après la guerre, sont eux-mêmes dérivés des feuilletons radiophoniques qui faisaient les beaux jours de la BBC et des grands réseaux dans tous les pays dès le début du XXème siècle.

Pas encore convaincu ? Pourtant si l’on veut remonter jusqu’au XIXème (siècle pas arrondissement !) on trouve aussi des feuilletons… publiés quotidiennement dans les journaux sous forme d’épisodes à suivre, avant parfois d’être réunis en gros volume pour devenir des chefs-d’œuvre de la littérature. Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Guy de Maupassant et Emile Zola ou encore Jules Verne, entre autres, ont été publié sous forme de roman-feuilleton dès 1836, donnant ainsi au genre feuilletonnant ses lettres de noblesse. Il ne faut pas oublier que ces romans étaient souvent écrits spécialement pour la presse quotidienne avec un découpage prévu pour laisser planer le suspense à la fin de chaque partie, et chaque partie se terminait alors par les mots « à suivre ». Pour en apprendre plus sur les feuilletons dans la presse c’est ici.

Et si l’on veut remonter encore le fil de l’histoire, avant que n’existe la télévision, la radio et même les journaux, les gens avaient l’habitude de se réunir au cours de veillées durant lesquels certains racontaient des histoires, souvent héritées des générations précédentes, brodées pour susciter l’intérêt de l’auditoire et parfois coupées au moment le plus opportun afin de ménager un suspense jusqu’à la veillée suivante.

Cette tradition orale, qui remonte à la plus haute antiquité, est ce qui s’apparente le plus aux ancêtres du feuilleton. Jusqu’aux récits homérique qui eux-mêmes étaient destinés à divertirent les convives des grands diners de l’antiquité grecque et utilisaient déjà les recettes du feuilleton : de grandes aventures, des personnages plus grands que la réalité, et un « à suivre » en fin de soirée pour être certains d’être présent au banquet suivant. Dans le même esprit, les contes des mille et une nuits sont également construit sur le même principe : divertir et assurer l’auditoire d’une suite au prochain épisode.

Alors si quelqu’un se moque un jour de votre intérêt pour Dallas ou les feuilletons télé, rappelez-lui simplement que Homère et Balzac aussi ont écrit des feuilletons.

J’espère que ce post un peu plus long et moins fun que d’habitude ne vous aura pas trop ennuyé. J’aime bien de temps en temps rappelé aux rageux que Dallas c’est de la culture aussi. Si vous appréciez mon travail n’oubliez pas de vous abonner à la newsletter en bas de la page d’accueil.

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